Lore : Conte de Wolfy đ
Chapitre | Titre | Raccourci |
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Prologue | La forĂȘt enchantĂ©e đČ | |
Chapitre 1 | L'É lpha... bĂȘta ! đ | |
Chapitre 2 | Les derniers survivants đș | |
Chapitre 3 | Le Loup Bavard đ | |
Chapitre 4 | Le Mentaliste đ§ | |
Chapitre 5 | LâArt de dĂ©sobĂ©ir⊠avec un grand É đ | |
Chapitre 6 | Journal de bord đ | |
Chapitre 7 | L'Effet Domino 𧔠(En rédaction) | |
Communication | Message de l'autrice | |
Invitation | Club de Lecture |
L'univers de Wolfy
La forĂȘt enchantĂ©e đČ
Il y a fort longtemps, dans une contrĂ©e lointaine, lâesprit de la nature veillait sur le monde sous forme dâanimaux lĂ©gendaires : les Loups GĂ©ants. Il sâagissait de crĂ©atures mythiques aux pouvoirs surnaturels. Rien Ă voir avec les loups sauvages que nous connaissons actuellement. Les Loups GĂ©ants Ă©taient des ĂȘtres hors du commun. Ils vivaient en grandes meutes que lâon surnommait « Les Clans ». En effet, les Loups GĂ©ants fonctionnaient en communautĂ© et chaque clan obĂ©issait aux lois Ă©tablies par celle-ci.
Trois principaux clans régnaient chez les Loups : les Loups Gris, les Loups Bruns, et les Loups Noirs.
On prĂ©tend quâun clan de Loups Blancs aurait existĂ© jadis dans la Toundra au Nord de la contrĂ©e. Les Anciens racontent avoir vu dâĂ©normes bĂȘtes Ă la fourrure blanche circuler dans les montagnes. Il sâagissait des plus grandes crĂ©atures jamais observĂ©es en ce monde. Cependant, nul ne les avait aperçues depuis des annĂ©es. Certains affirment que leur clan auraient Ă©tĂ© sauvagement exterminĂ© par des tribus de braconniers au moment de la fondation des villages, dâautres prĂ©tendent quâils furent chassĂ©s par les autres clans en raison de la menace quâils reprĂ©sentaient. Quoiqu'il en soit, si quelques-uns avaient survĂ©cu aprĂšs toutes ces annĂ©es, ils ne seraient dĂ©sormais qu'isolĂ©s et affaiblis.
La forĂȘt Ă©tait vaste et sâĂ©tendait sur toute la contrĂ©e; toute, sauf une petite partie situĂ©e au bord du Lac Beta. Il sâagissait du monde des Hommes : un grand village, qui regroupait plusieurs communautĂ©s, Ă l'Ă©cart de la forĂȘt par des chaĂźnes montagneuses. DĂšs que les Loups GĂ©ants apercevaient les grandes collines, ils rebroussaient chemin. Ceux-ci avaient pour rĂšgle d'or de ne jamais dĂ©passer les limites de leur territoire.
Le clan des Loups Gris occupait les territoires du Nord-Ouest, situĂ©s dans la forĂȘt borĂ©ale. Bien qu'ils dĂ©tenaient plus de la moitiĂ© de la contrĂ©e, leur localisation pouvait varier en fonction des saisons et des migrations. Notons que les Loups Gris dĂ©tenaient le pouvoir du nombre. Avec le temps, ils avaient compris quâen restant ensemble, ils demeureraient plus forts. En effet, leur plus grande force Ă©tait leur sens de la collaboration et de lâentraide. Câest pour cette raison que leur valeur principale Ă©tait la solidaritĂ©. « Lâunion fait la force ! » Telle Ă©tait leur devise. Les Loups Gris Ă©taient Ă©galement les ĂȘtres les plus bienveillants et les plus tolĂ©rants de tous. Sans eux, lâesprit tranquille de la forĂȘt nâaurait point existĂ©.
De son cĂŽtĂ©, le clan des Loups Bruns occupait les forĂȘts tempĂ©rĂ©es au Sud-Est. Les Loups Bruns Ă©taient dotĂ©s dâun fort caractĂšre et dâun flair hors du commun. Il sâagissait des Loups les plus audacieux et les plus rusĂ©s de tous, si bien que leur intelligence surpassait celle de lâHomme. Du moins, câest ce quâils aimaient croire ! De nature curieuse, les Loups Bruns aimaient explorer les terres inconnues. De ce fait, leur connaissance du monde Ă©tait trĂšs fine. Ils Ă©taient rĂ©putĂ©s pour ĂȘtre dâexcellents cartographes ! Cela Ă©tait bien pratique quand il Ă©tait question de chasse ou dâorientation; ils savaient en permanence se repĂ©rer dans la contrĂ©e, et nâavaient aucune peine Ă trouver les ressources quâil leur fallait. Cependant, le seul dĂ©faut qui leur faisait obstacle Ă©tait leur arrogance. En effet, les Loups Bruns Ă©taient conscients de leur intelligence supĂ©rieure et nombre dâentre eux nâhĂ©sitaient pas Ă sâen servir pour manipuler et obtenir des faveurs des Loups Gris, qui Ă©taient altruistes de nature.
Enfin, les Loups Noirs Ă©taient peu nombreux et occupaient le plus petit territoire de la contrĂ©e. Ils vivaient au coeur mĂȘme de la forĂȘt, dans un lieu que l'on surnommait « La ForĂȘt EnchantĂ©e ». C'Ă©tait un endroit hors du temps, suspendu entre rĂȘve et rĂ©alitĂ©, oĂč les arbres semblaient murmurer des secrets anciens Ă qui savait les Ă©couter. Tous les animaux y cohabitaient en parfaite harmonie, protĂ©gĂ©s par l'Esprit de la forĂȘt.
La nuit, la nature prenait vie et laissait place Ă une fĂ©erie de bioluminescence. Les lucioles dansaient comme des Ă©toiles tombĂ©es du ciel et les champignons brillaient de mille feux. Les papillons aux ailes translucides et les colĂ©optĂšres aux reflets d'opale sortaient de leur cachette affichant fiĂšrement leurs couleurs. Sur les Ă©tangs paisibles, les nĂ©nufars phosphorescents flottaient comme des lanternes et le plancton miroitait Ă la surface de l'eau, reflĂ©tant le clair de lune. C'Ă©tait un phĂ©nomĂšne extraordinaire ! Tout Ă©tait paisible et serein, comme si le temps retenait son souffle. Il faut dire que les Loups Noirs Ă©taient dotĂ©s dâune grande sagesse et prĂ©fĂ©raient vivre dans le calme et la tranquillitĂ©.
Contrairement aux autres espĂšces, les Loups Noirs pouvaient Ă©changer dans toutes les langues du monde, y compris celle des Hommes. Plus encore, les Loups Noirs possĂ©daient une particularitĂ© hors du commun: le don de transformation. Lors des nuits de pleine lune, leur morsure permettait de transformer un humain en loup, lĂ©guant Ă©galement leur pouvoir Ă leur victime. De fait, les Loups au pelage noir Ă©taient considĂ©rĂ©s comme une race « prĂ©cieuse » aux yeux des autres espĂšces, car ils Ă©taient les seuls Ă dĂ©tenir un pouvoir aussi puissant. Les Loups Noirs obtinrent donc lâautoritĂ© sur les dĂ©cisions de la forĂȘt. Ainsi, Ă lâaide des autres clans, ils instaurĂšrent un rĂšglement afin que tous les Loups GĂ©ants veillent Ă lâĂ©quilibre sacrĂ©, assurant ainsi la bonne entente entre les clans et les espĂšces vivant en ces lieux.
Les Loups Noirs Ă©taient toutefois condamnĂ©s par une gĂ©nĂ©tique atypique. Ă l'opposĂ© des autres clans, ils ne pouvaient se reproduire entre eux. CâĂ©tait principalement la raison pour laquelle ils Ă©taient peu nombreux. Ils devaient absolument faire usage de leur pouvoir pour assurer leur lignĂ©e. Or, ce don, unique et irrĂ©versible, ne pouvait ĂȘtre appliquĂ© quâune seule fois au cours de leur vie. Lorsquâun Loup Noir dĂ©signait son successeur, il lui offrait non seulement sa force, mais aussi sa propre essence. DĂšs le moment oĂč la transformation de leur victime Ă©tait complĂ©tĂ©e, celui-ci cessait dâexister. Il importait donc de bien choisir leur successeur.
Ce passage dâun monde Ă lâautre nâĂ©tait pas sans consĂ©quences : au cours de ce phĂ©nomĂšne, les victimes perdaient leur identitĂ© humaine, laissant derriĂšre elles leurs souvenirs passĂ©s. Aucun retour dans le monde des Hommes nâĂ©tait envisageable. Câest pourquoi les Loups Noirs prĂ©fĂ©raient sâattaquer Ă des personnes isolĂ©es, sans famille, afin que personne ne se doute de rien. Malencontreusement, il leur arrivait parfois de faire erreur. Et des disparitions laissaient des tracesâŠ
Peu dâHommes soupçonnaient lâexistence des Loups GĂ©ants, mais au fil des lunes, les disparitions furent de plus en plus remarquĂ©es. Le murmure devint rumeur, la rumeur devint peur. Les villageois comprirent quâune menace rĂ©elle pesait sur eux.
Par consĂ©quent, les Hommes levĂšrent alors leurs torches et envahirent les bois sacrĂ©s. Ils saccagĂšrent les forĂȘts, dĂ©truisant ainsi toute forme de vie sur leur passage. De cette peur naquit un culte sombre : le Napellisme. Les prĂȘtres du mouvement jugĂšrent d'Ă©radiquer toute crĂ©ature dangereuse.
Des piĂšges enduits d' aconitÂč, une fleur aux propriĂ©tĂ©s toxiques, furent implantĂ©s dans les collines afin de repousser les dangereuses bĂȘtes⊠Et pour tenir les enfants Ă lâĂ©cart, on tissa des contes terrifiants, oĂč les Loups GĂ©ants devenaient des monstres aux crocs dĂ©vorants. Aujourd'hui, ces contes sont toujours prĂ©sents dans le folklore actuel.
Ainsi, les siĂšcles passant, lâĂ©quilibre de la forĂȘt bascula. Le territoire des Hommes prit de lâexpansion, engendrant alors l'apparition de nouveaux villages et de nouvelles communautĂ©s. Les crĂ©atures mythiques, qui furent jadis les grands protecteurs de la forĂȘt, cessĂšrent dâexister.
Les Anciens murmurent encore quâune poignĂ©e de Loups aurait survĂ©cuâŠ
ĂloignĂ©s dans les confins de la forĂȘt, on peut y trouver les descendants du premier Loup-Garou, celui quâon nommait Alpha. On le retrouve Ă©galement dans le folklore sous la forme dâun Homme. Un berger, dit-on⊠qui criait au loup !
I. L'É lpha... beta ! đ
De nombreuses lĂ©gendes circulent Ă travers la contrĂ©e. Toutes font mention dâun « Grand MĂ©chant Loup », tapi dans lâombre des bois, mais nul ne connaĂźt rĂ©ellement son origine.
La plus vieille lĂ©gende fait mention dâun Homme ayant la capacitĂ© de se mĂ©tamorphoser en Loup la nuit. Tout porte Ă croire quâil sâagit de lâancĂȘtre des Loups-Garous. Ce rĂ©cit nous ramĂšne aux collines oubliĂ©es de Paleo, le plus ancien village de la contrĂ©e, berceau des premiĂšres civilisations.
Dans les collines de Paleo, vivait un jeune berger prĂ©nommĂ© Ezop. Son rĂŽle Ă©tait de garder les moutons du village et d'en prendre soin. Une fois par mois, il se rendait au village pour y vendre ses moutons les plus matures. Ces rares occasions Ă©taient pour lui une fenĂȘtre sur le monde, un monde qui, hĂ©las, ne lui rendait pas grand-chose en retour.
En effet, le jeune homme Ă©tait condamnĂ© Ă vivre seul, car sa maison, nichĂ©e au bord de la forĂȘt, suffisait Ă alimenter la mĂ©fiance. Il va sans dire que le jeune homme sâennuyait beaucoup. Tout le monde le connaissait, mais peu prenaient la peine de lui adresser la parole. On le saluait de loin, sans jamais chercher Ă vraiment le connaĂźtre. Aux yeux du village, Ezop Ă©tait un individu plutĂŽt mystĂ©rieux. Pourtant, ce n'Ă©tait quâun adolescent comme les autres, Ă la recherche dâaventures. Ce dernier rĂȘvait de dĂ©couvrir un autre monde.
Une nuit, aprĂšs le coucher du soleil, il eut lâidĂ©e de jouer un tour aux villageois : prĂ©tendre quâun Loup rĂŽdait dans l'ombre.
Ezop connaissait bien les lĂ©gendes Ă propos des Loups GĂ©ants, mais il nây avait jamais cru. Ayant grandi Ă la lisiĂšre des bois, il nâavait jamais vu autre chose que des cerfs timides et des renards curieux. Ă ses yeux, tout cela nâĂ©tait quâune invention, une fable que le prĂȘtre Jean-Marc rĂ©citait pour mieux contrĂŽler son auditoire. Ezop nâĂ©tait pas dupe ! Il ne se laissait pas avoir comme tous ces pauvres villageois guidĂ©s par la peur. Ce soir-lĂ , il comptait bien le prouverâŠ
Alors, du haut dâune falaise, le jeune berger lança son cri : « Au loup ! Au loup ! »
à ces mots, les habitants du village, affolés, saisirent leurs fourches et allumÚrent les torches, puis bondirent hors de leurs maisons pour voler à son secours.
Mais lorsquâils atteignirent la bergerie, pas la moindre trace d'un loup. CachĂ© derriĂšre un buisson, Ezop les observait en silence, le sourire aux lĂšvres, tandis qu'ils repartaient, confus et bredouilles.
Pris d'un fou rire, il se jura de recommencer le lendemain. C'est ce qu'il fit⊠à maintes reprises et, Ă tous les coups, les villageois rĂ©pondaient Ă lâappel, et chaque fois, ils repartaient déçus de sâĂȘtre fait avoir.
Or, lors dâune nuit de pleine lune, alors que le berger rassemblait son troupeau, l'impossible arriva. De lâombre sortit une crĂ©ature immense : un Loup GĂ©ant.
Ă la vue de la bĂȘte, les moutons sâaffolĂšrent et sâenfuirent au loin dans les collines. Leurs bĂȘlements alertĂšrent le jeune berger qui avait le dos tournĂ©. En se retournant, Ezop figea dâeffroi.
La crĂ©ature Ă©tait giganteste et son pelage Ă©tait aussi noir que lâobscuritĂ©. Seuls ses yeux dorĂ©s trahissaient sa prĂ©sence.
« Nâaie pas peur », entendit Ezop dans son esprit.
Le jeune homme recula dâun pas incertain.
Le monstre venait-il de lui parler ? Comment était-ce possible ?
Pris de panique, Ezop s'élança vers le bord de la falaise, en hurlant à pleins poumons : « Au loup ! Au loup ! »
Mais cette fois, personne ne vint Ă sa rescousse.
Le village, lassé de ses tours, était resté endormi.
La lĂ©gende raconte que le berger fut dĂ©vorĂ© par Le Grand MĂ©chant Loup. Câest le sort que lâon rĂ©serve aux inconscients qui sâaventurent un peu trop prĂšs des boisâŠ
Mais certains prĂ©tendent quâil ne mourut pas cette nuit-lĂ .
Quâune malĂ©diction sâabattit sur lui, et quâEzop devint, cette nuit-lĂ , le tout premier Loup-Garou.
Les Anciens affirment que, lors des nuits de pleine lune, on peut apercevoir l'ombre du berger postée sur la falaise, et que son esprit continue de hanter les villageois à ce jour.
Quoi qu'il en soit, plus jamais on n'entendit quelquâun crier au loupâŠ
II. Les derniers survivants đș
Avant leur extinction, les Loups GĂ©ants prirent une dĂ©cision qui allait bouleverser le cours de lâHistoireâŠ
Ă la veille dâune pleine lune, les derniers reprĂ©sentants de chaque Clan se rassemblĂšrent une derniĂšre fois.
Onyx, le dernier Loup Noir, prit la parole : « Je me fais vieux et mon pouvoir décline. Il ne me reste que peu de temps parmi vous, chers confrÚres. »
Un silence lourd sâinstalla.
On entendait seulement le souffle du vent dans les feuillages, le croassement mĂ©lancolique des grenouilles prĂšs du ruisseau. Quelques colĂ©optĂšres luisaient faiblement dans la pĂ©nombre, discrets tĂ©moins de cette rĂ©union funĂšbre. MĂȘme les lucioles, qui se faisaient de plus en plus rare, avaient rejoint le cercle, afin dâapporter leur soutien. Lâenchantement de la forĂȘt tirait Ă sa fin.
Le silence fut brisé par GalÚne, la plus jeune Louve du Clan des Gris.
« Il nous faut essayer une derniĂšre fois. l doit bien rester une solution, nâest-ce pas ? Jâai peut-ĂȘtre une idĂ©e. »
Un grondement sâĂ©chappa de Jasper, le chef du Clan des Bruns.
« Nos frĂšres et nos sĆurs ont pĂ©ri sous la main de lâHomme ! Tenter une derniĂšre transformation sur leurs terres serait du suicide. Tu crois vraiment quâon va risquer la vie de notre dernier Loup Noir ? Sois raisonnable, GalĂšne, je tâen prie ! »
« Laisse la parler, Jasper. » intervint Clay, le chef du Clan des Gris, dâun ton tranchant. « On ne perd rien Ă lâĂ©couter. »
« Clay nâa pas tort » ajouta Onyx dâun ton calme. « Parle, GalĂšne. »
Tous les regards se tournÚrent vers la jeune Louve. Celle-ci hésita, mais Clay la poussa du museau amical, lui faisant signe de s'avancer.
GalĂšne prit son courage Ă deux pattes : « Demain, une super lune bleue de sang apparaitra dans le ciel. Ce phĂ©nomĂšne ne sâest jamais produit de notre vivant. On sait que le pouvoir des Loups Noirs est amplifiĂ© lors d'une pleine lune de sang, et encore plus lors d'une super lune, mais quâen est-il lorsque les deux sont combinĂ©es ? N'est-il pas possible que cela change notre espĂšce d'une maniĂšre que nous ne comprenons pas encore ? »
Un murmure parcourut le cercle.
« C'est trop risquĂ©. » grogna Jasper. « Rendons-nous Ă lâĂ©vidence ! MĂȘme si le pouvoir dâOnyx parvenait Ă crĂ©er un âSuper Loupâ, cela ne changerait rien Ă notre extinction imminente. Les Hommes ont dĂ©truit la quasi-totalitĂ© de la forĂȘt. Son enchantement nâest plus⊠Il est trop tard. »
« Justement, Jasper » coupa sĂšchement Clay. « Nous nâavons plus rien Ă perdre. »
Jasper soupira, puis se tut, Ă©nervĂ©, mais rĂ©signĂ©. Force Ă©tait de constater quâil nâarriverait jamais Ă raisonner les Loups Gris.
Les yeux dorĂ©s dâOnyx se posĂšrent sur GalĂšne.
Sa voix se fit plus grave, presque solennelle : « Petite, je tâĂ©coute. Quel est ton plan ? »
La suite, vous la connaissez...
Retour aux Loups...
Bien des siĂšcles aprĂšs la transformation du berger, la migration des clans avait entraĂźnĂ© une nouvelle espĂšce : les loups Ă pelage mixte. Ces crĂ©atures, plus petites et au tempĂ©rament plus docile, Ă©taient beaucoup plus attrayantes aux yeux des Hommes. Leur taille rĂ©duite les rendait moins menaçants et bien plus adaptĂ©s Ă la vie aux cĂŽtĂ©s des humains. D'ailleurs, la plupart furent domestiquĂ©s. Le reste se divisa en petits groupes, laissant place Ă ce quâon appelle aujourdâhui les « meutes ».
Les loups domestiquĂ©s devinrent les chiens que nous connaissons aujourdâhui. Il sâagissait dâun type de compagnons trĂšs convoitĂ© par les Hommes, car leur bonne humeur et leur fidĂ©litĂ© Ă©tait dâagrĂ©able compagnie. Les chasseurs, en particulier, apprĂ©ciaient leur odorat exceptionnel, bien plus dĂ©veloppĂ© que celui des humains.
Ă lâorigine, ces compagnons nâĂ©taient que des animaux capturĂ©s dans les forĂȘts par les chasseurs du village. Les plus beaux spĂ©cimens furent domestiquĂ©es pour le plaisir des villageois et des enfants. Le commerce des compagnons devint si prospĂšre que certains Ă©leveurs voyageaient de village en village pour vendre les espĂšces les plus rares, considĂ©rĂ©es comme « exotiques ». Parmi celles-ci, se trouvait le Loup Bavard !
III. Le Loup Bavard đ đŹ
Par un bel aprĂšs-midi de printemps, Graouw et ses deux amis, Bhoot et Loupiotte, jouaient Ă cache-cache.
« Trois, deux, un⊠câest parti ! » cria Graouw, bondissant vers la forĂȘt.
Il marqua une pause pour balayer le paysage du regard : aucun louveteau en vue.
« Ils ont bien progressé ces petits ! » pensa fiÚrement Graouw.
Les minutes passaient, et toujours aucun signe de Bhoot ou Loupiotte. Pourtant, Graouw avait toujours été le plus rapide à ce jeu.
Celui-ci commençait Ă sâinquiĂ©ter : « OĂč peuvent-ils bien se cacher ? »
La forĂȘt se voulait paisible. Il Ă©tait encore tĂŽt, le chant timide des oiseaux Ă©tait Ă peine perceptible Ă travers les branches. La mousse sur le sol exhalait l'odeur humide laissĂ©e par la pluie de la veille. Les arbres sâĂ©levaient majestueusement vers le ciel ensoleillĂ©, tandis que lâair, doux et parfumĂ©, portait une lĂ©gĂšre senteur de pin.
ĂpuisĂ©, notre vaillant compagnon se laissa tomber dans l'herbe. Il Ă©tait assoiffĂ© ! MalgrĂ© le vent frais, la chaleur se faisait sentir. Par chance, un ruisseau chantait Ă quelques pas de lĂ . Les reflets sur lâeau offraient un spectacle Ă©tincelant au contact des rayons du soleil. Graouw s'en approcha pour sâabreuver.
En relevant le museau, Graouw eut une impression de dĂ©jĂ vu... Face Ă lui, s'affichait une vision de son passĂ©, un secret quâil avait enterrĂ© depuis des annĂ©es : la Chute ArgentĂ©e.
La cascade portait bien son nom. Ses eaux glissaient sur les rochers, comme un voile dâargent suspendu dans l'air.
Seuls les plus avertis connaissaient la vĂ©ritĂ© sur la mystĂ©rieuse chute et notre compagnon Ă©tait parfaitement conscient des risques quâil encourait sâil osait traverser le rideau d'argent. Le Loup Bavard craignait de devoir dire adieu Ă ses amis et, par expĂ©rience, celui-ci savait pertinemment qu'il en souffrirait pour le restant de sa vie...
Graouw Ă©tait un simple chien, mais dans sa meute, on le surnommait le Loup Bavard. Ayant grandi auprĂšs dâun maitre aveugle, notre sympathique compagnon Ă©tait le seul connu de la Meute Ă maĂźtriser parfaitement la langue des Hommes sous sa forme animale.
AprĂšs un terrible accident qui lâobligea Ă abandonner son maĂźtre avec qui il avait dĂ©veloppĂ© un lien Ă©ternel, le pauvre chien sâĂ©tait perdu en forĂȘt, vivant au jour le jour, dans la solitude et la peur. Ce n'est que plusieurs mois plus tard qu'il fut accueilli par la Meute, qu'il considĂ©rait comme sa famille de cĆur.
Soudain, un cri lointain brisa ses pensĂ©es : « Graouw !!! OĂč es-tu ? Graouuuuwww !!! »
Graouw se redressa aussitĂŽt.
« Par ici ! » répondit-il.
Ses deux amis surgirent dâun buisson, Ă bout de souffle.
« Tu nous as fait une de ces peurs ! » sâexclama Bhoot. « Nous te pensions perdu ! »
« Bhoot, tu tâinquiĂštes toujours pour rien ! » rigola Graouw, lançant un petit clin d'Ćil complice Ă Loupiotte.
« Moi, je peux me balader seul dans la forĂȘt sans souci. Toi, c'est une autre histoire ! »
« Câest vrai ! » acquiesça Loupiotte. « La derniĂšre fois, on a dĂ» appeler Remus et Lupin pour te sortir de ce trou, on peut se compter chanceux quâils nâaient rien dit Ă tes parents ! »
« Tu oublies qu'on a dû acheter leur silence en obéissant à leurs ordres pendant une semaine ! » rùla Bhoot. « Et tes frÚres ont vu là une occasion en or ! »
« Les jumeaux ont toujours su flairer les bonnes affaires ! » admit Graouw. « Vous vous rappelez des deux petits cochons quâils ont rapportĂ©s un soir ? »
« Comment oublier ? » s'exclama Loupiotte. « CâĂ©tait la premiĂšre fois que jâen mangeais de ma vie ! Quel rĂ©gal ! »
« Et moi donc ! » ajouta Bhoot. « Jâen ai rĂȘvĂ© pendant des semaines. »
« Ce quâils ont omis de mentionner, câest que jâĂ©tais prĂ©sent lors de la fameuse capture ! » proclama Graouw avec fiertĂ©. « Ils mâont promis le troisiĂšme cochon si je les aidais Ă faire diversion. »
« Quoiii ?! » s'exclamĂšrent les deux louveteaux en chĆur.
Bhoot haussa le sourcil. « Et... ils ont tenu parole ? »
Loupiotte roula des yeux, exaspĂ©rĂ©e. « Pff ! Bien sĂ»r que non ! Je te parie trois grillons quâils l'ont gardĂ© pour eux-mĂȘmes ! »
« On va dire que le dernier semblait ĂȘtre mieux prĂ©parĂ© Ă lâattaque ! » rĂ©pondit Graouw, amusĂ© Ă lâidĂ©e quâun cochon ait pu vaincre les jumeaux par la ruse.
« Ăa, alors ! » sâĂ©tonna Loupiotte.
Bhoot éclata de rire. « C'était sûr ! Quels gros arnaqueurs, ces deux-là ! »
IV. Le Mentaliste đ§
DerriĂšre la Chute ArgentĂ©e, se cachait une grotte souterraine, abritant un portail magique que seul un ĂȘtre au cĆur pur pouvait traverser.
Ce passage secret menait vers un havre de paix : le jardin des Tréants.
Cet endroit divin, situĂ© loin des civilisations modernes, se dressait au sommet des montagnes, dominant les arbres et les nuages. Une petite communautĂ© de moines ayant fait vĆu de silence y vivait paisiblement. Ils Ă©taient dotĂ©s de capacitĂ©s surnaturelles, telles que la tĂ©lĂ©pathie et la manipulation de la lumiĂšre. Les Anciens les surnommaient les Mentalistes.
Le grand refuge spirituel offrait une faune et une flore bien différentes de ce qu'on connait d'un jardin habituel. Dans ses riviÚres, circulaient des métaux précieux sous forme liquide : de l'or en été et de l'argent au printemps. Grùce à leur maßtrise des arts mystiques, les Mentalistes avaient réussi à transformer ces métaux en piÚces d'une grande valeur, s'assurant ainsi une petite fortune avec le temps.
Pour communiquer, les moines avaient développé un systÚme basé uniquement sur la pensée. C'est en partie grùce à la discrétion de leurs échanges qu'ils avaient maintenu le secret de leur existence à travers les ùges.
Mozzie était l'un d'entre eux.
Malvoyant depuis son plus jeune Ăąge, le sage homme dĂ©tenait une sensibilitĂ© exceptionnelle aux Ă©lĂ©ments qui l'entouraient. Faisant confiance Ă son instinct, il pouvait percevoir des Ă©vĂ©nements significatifs avant mĂȘme quâils ne se rĂ©alisent. Ce 6á” sens, hĂ©ritĂ© de sa famille, lui avait valu une mention honorable au sein de sa communautĂ©.
Ce don fut rĂ©vĂ©lĂ© lorsque sa mĂšre, encore une enfant, avait alertĂ© la communautĂ© dâune intrusion dans la cour du monastĂšre. Bien quâelle fĂ»t jeune, sa prĂ©monition sâavĂ©ra juste : un adolescent, recroquevillĂ© et perdu, fut trouvĂ© sur place. Il se prĂ©nommait Jack, et celui-ci prĂ©tendait avoir dĂ©couvert le sanctuaire en plantant inconsciemment un haricot magique au pied de la montagne. Le haricot, devenu gĂ©ant, lui avait Ă©tĂ© offert par un nain tracassin en Ă©change de sa vache.
Les moines connaissaient les risques dâune telle intrusion sur leur territoire, et ne pouvaient se permettre de rĂ©vĂ©ler leur secret. Afin dâacheter le silence du garçon, ils lui offrirent un sac rempli de piĂšces dâor extraites de leurs rĂ©serves naturelles. Ils lui firent Ă©galement la promesse de lui envoyer un sac de piĂšces tous les jours Ă l'aide du portail sous la chute. La seule condition Ă©tait qu'il abatte le haricot gĂ©ant une fois de retour.
Pensant à sa mÚre malade et à sa vache perdue, Jack accepta sans hésiter.
Les années passÚrent, et les moines tinrent leur promesse. FidÚles à leur parole, ils n'oubliÚrent jamais le jeune homme. Un jour, ils remarquÚrent que les sacs de piÚces s'accumulaient prÚs du portail. Le garçon ne venait plus les récupérer. N'ayant plus de nouvelles, les moines décidÚrent de cesser leur envoi. Ils crurent ne plus jamais le revoir.
Pourtant, bien des annĂ©es plus tard, une silhouette familiĂšre franchit Ă nouveau le portail secret. Jack, dĂ©sormais devenu un jeune homme accompli, remit les pieds au jardin des TrĂ©ants. Cette fois, il n'Ă©tait pas arrivĂ© les mains vides. En signe de gratitude, il avait apportĂ© avec lui un prĂ©sent inattendu : une portĂ©e de chiots parleurs, quâil avait lui-mĂȘme sauvĂ©s des mains d'un chasseur avare.
Honorés par la générosité et la vaillance du jeune homme, les Mentalistes lui offrirent une place parmi eux. Peu à peu, il tomba amoureux de celle qui avait prédit sa venue lors de son premier passage. Quelques années plus tard, ils eurent un enfant qu'ils appelÚrent « Mozen ».
Mozzie Ă©tait un homme simple, mais profondĂ©ment solitaire. Il chĂ©rissait particuliĂšrement l'odeur des fleurs au printemps et celle des feuilles mortes en automne. Mais ce quâil aimait par-dessus tout, câĂ©tait le contact avec lâeau. Son petit plaisir Ă©tait d'y plonger sa tĂȘte lors des baignades, et crier de toutes ses forces, sachant que personne ne lâentendrait.
Le moine passait rĂ©guliĂšrement ses journĂ©es Ă se baigner dans le lac prĂšs du Quai des Rocheuses, se laissant emporter par le courant. L'eau fraĂźche lui permettait de revigorer ses muscles et de se vider l'esprit. Toutefois, notre ami malvoyant devait rester vigilant, car un moment d'inattention risquait de le faire glisser au bas de la chute qui se trouvait en fin de parcours. Heureusement, des mesures de sĂ©curitĂ© avaient Ă©tĂ© mises en place pour lâaider Ă se repĂ©rer. Des oiseaux visionnaires veillaient depuis les arbres prĂšs du prĂ©cipice, et de petits ponts avaient Ă©tĂ© construits pour servir de repĂšres Ă Mozzie.
Depuis quelque temps, le silence qui régnait dans sa communauté le rendait insatisfait. Rarement entendait-il une voix humaine. Ce n'était qu'aux solstices qu'il avait le privilÚge d'écouter ses confrÚres chanter leur mélodie traditionnelle. Le reste du temps, les moines se retrouvaient au temple pour méditer en silence. Le soir venu, ils partageaient un thé, puis se rendaient dans leurs chambres respectives.
Mozzie ne se rendait aux cérémonie que pour écouter le son de la harpe d'or. Celle-ci était dotée d'un enchantement magique : elle chantait pour quiconque lui commandait de le faire !
Malgré cela, la routine était ennuyeuse. Cette situation rendait Mozzie profondément malheureux.
Il fut un temps oĂč il pouvait avoir de longues discussions avec son chien-guide, Graouw. Ce dernier ne lui tenait pas juste compagnie, mais Ă©tait pour lui un vĂ©ritable ami. Les deux camarades se traitaient comme des Ă©gaux et câest ce qui rendait leur relation si prĂ©cieuse.
Mozzie avait toujours considéré son compagnon comme une bénédiction.
Assis sur le quai à fixer son reflet, le Mentaliste versa une larme. Puis, d'une voix faible, il soupira tristement : « Si seulement tu étais encore là ⊠».
V. LâArt de dĂ©sobĂ©ir⊠avec un grand É đ
« Câest un choix audacieux. »
Ezekiel s'avança délicatement aux cÎtés de son apprentie qui pointait son arc vers une ùme en détresse.
Les deux CĂ©lestes battaient des ailes au-dessus de la forĂȘt, observant en silence lâagitation terrestre. Un homme gisait au sol, blessĂ© et seul au cĆur des bois. Il ne lui restait sans doute que quelques heures de vie.
« Son ùme est particuliÚrement instable, insista le maßtre, tu le sais, n'est-ce pas ? »
Le vent soufflait et les feuilles tourbillonnaient dans lâair. Lâune dâelles balaya une mĂšche rose du visage dâAvril, qu'elle s'empressa de replacer derriĂšre son oreille, agacĂ©e.
Lâapprentie ajusta son arc et hocha la tĂȘte fermement. « Je sais ce que je fais. » Puis, elle lĂącha la corde, permettant au projectile de toucher avec prĂ©cision le cĆur du jeune homme, inconscient de ce qui l'attendait.
Le maitre applaudit. « Chapeau ! »
Son ton respirait le calme, sans laisser paraitre la moindre Ă©motion. Ce nâĂ©tait pas de la froideur, mais plutĂŽt une fatigue tissĂ©e au fil des siĂšcles.
Ezekiel Ă©tait un paradoxe vivant : une silhouette frĂȘle et juvĂ©nile abritant une Ăąme aussi ancienne que les Ă©toiles. Ă premiĂšre vue, il nâĂ©tait quâun enfant aux cheveux blonds et aux yeux bleus, mais derriĂšre son doux visage se cachait un ĂȘtre vieux de plus de quatre siĂšcles.
Le CĂ©leste appartenait au cercle restreint des Anciens. Il formait depuis longtemps de jeunes Ă©lus, leur inculquant avec rigueur un code dâhonneur venu dâun autre temps. Ce code, noble et inflexible, nâavait plus vraiment de sens, mĂȘme pour lui. Mais il nâavait rien trouvĂ© dâautre pour donner un sens Ă ses jours.
Alors, Ezekiel persistait. Il transmettait, il surveillait, il corrigeait. Il faisait ce quâon attendait de lui, avec cette docilitĂ© lasse que seuls les immortels connaissaient. Il nâattendait plus rien des cieux, ni des Hommes. Au fond de lui, il espĂ©rait seulement une faille, un instant dâerreur, un miracle. Et ce miracle, câĂ©tait Avril.
Depuis sa naissance, Avril nâen faisait qu'Ă sa tĂȘte. Ce nâĂ©tait pas un ange comme les autres; son maitre lâavait bien compris. Lorsquâelle fut en Ăąge dâĂȘtre formĂ©e, Ezekiel choisit de la prendre sous son aile, afin de mieux la surveiller.
Le Conseil avait Ă©tĂ© formel : aucun ange nâavait le privilĂšge dâenfreindre les commandements sacrĂ©s, sous peine dâĂȘtre changĂ© en crĂ©ature sauvage.
Ezekiel savait pertinemment quâun jour viendrait oĂč son apprentie franchirait la limite. De lourdes sanctions l'attendaient, pour elle comme pour lui. NĂ©anmoins, il Ă©tait curieux⊠curieux de vivre enfin de la nouveautĂ© ! Et seule Avril avait le courage ou la tĂ©mĂ©ritĂ© de bousculer lâordre Ă©tabli. Elle seule pouvait lui rendre ce dont on lâavait privĂ© : le droit de devenir mortel.
Avril abaissa son arc, satisfaite. Ses yeux brillaient de détermination.
Sortant de ses pensées, le maitre reprit un ton sérieux.
« Tu as peu de temps pour lui trouver une Ăąme-sĆur. Pourquoi avoir attendu un moment d'isolement ? »
« Il n'est jamais seul. » corrigea Avril, sans plus dâexplication.
Un bruit au loin se fit entendre. Rapide comme lâĂ©clair, elle sortit une flĂšche de son carquois, prĂȘte Ă tirer.
Pendant un instant, on crut voir un sourire naitre sur les lÚvres d'Ezekiel, mais Avril était trop concentrée sur sa nouvelle cible pour le remarquer.
Le soleil allait bientĂŽt se coucher. Il Ă©tait temps de rentrer Ă la maison. Ezekiel ne prit pas le temps dâobserver le reste de la scĂšne. Le CĂ©leste dorĂ© sâenvola vers l'ile Omni, laissant Avril savourer sa victoire seule.
D'une voix presque inaudible, il murmura : « Que la partie commence ! »
VI. Journal de bord đ
L'an des ombres persistantes â Nouvelle Lune
Maman mâa offert ce journal pour mon 10e anniversaire. Un cadeau qui lui ressemble : attentionnĂ© et plein d'amour. Je sais qu'elle a travaillĂ© fort pour me lâoffrir. Les livres sont des denrĂ©es rares ici, il ne faudrait surtout pas gaspiller les pages.
Endora a mĂȘme dessinĂ© sur la couverture : une petite souris grise, comme celle qui se cache dans le grenier.
Je lâadore ! C'est le plus beau cadeau que j'aie jamais eu. Jâen prendrai soin comme un trĂ©sor.
L'an des ombres persistantes â Croissant de Lune
Aujourdâhui, jâai accompagnĂ© Maman pour cueillir des herbes en forĂȘt. Normalement, câest ma sĆur qui lâaccompagne, mais elle m'a dit que c'Ă©tait Ă mon tour de le faire. J'avais envie de prendre l'air de toute façon. On s'ennuie, ces temps-ci !
Pendant la promenade, Maman a sorti un livre de son sac. Il ressemblait Ă mon journal ! Elle mâa fait promettre de ne rien dire Ă Papa. Je me demande si Endora en a un, elle aussi...
L'an des ombres persistantes â Demi-Lune
Maman est partie hier⊠Papa dit quâelle ne reviendra pas, mais il ment.
Elle ne nous abandonnerait jamais, ma sĆur et moi. Maman reviendra.
L'an des ombres persistantes â Pleine Lune
Toujours pas de nouvelles de Maman. Comme elle me manque ! Elle avait ce sourire capable d'illuminer les jours les plus sombres.
Endora lui ressemble tellement, surtout ses yeux et ses cheveux de feu.
Peut-ĂȘtre est-ce Ă cause de ça que Papa sâest mis en colĂšre ? Il me fait peur, parfoisâŠ
L'an des ombres persistantes â Nouvelle Lune
Endora est revenue du village en larmes ce matin. Une pendaison ordonnĂ©e par le Roi David a eu lieu sur la place publique. Encore ! C'est de plus en plus frĂ©quent depuis qu'il est au pouvoir, mais c'est la premiĂšre fois que je vois ma sĆur pleurer pour ça.
A-t-elle vu Maman ?
L'an des ombres persistantes â Croissant de Lune
Maman est partie au ciel. Je n'arrive pas Ă y croire ! Papa avait donc raisonâŠ
Mais comment pouvait-il le savoir depuis le dĂ©but ? Pourquoi nâa-t-il rien fait pour la sauver ?
Jâai lâimpression que mon monde sâĂ©croule.
L'an des ombres persistantes â Demi-Lune
Papa va se remarier. Il a oublié Maman si rapidement.
Comment peut-il lui faire ça ?
Comment peut-il nous faire ça ?
Papa a tout détruit ! Je le déteste.
L'an des ombres persistantes â Pleine Lune
Hier, Endora et moi, nous nous sommes perdus en forĂȘt. Endora pense que c'Ă©tait volontaire.
Elle est persuadĂ©e quâil a tuĂ© Maman et me dit de ne plus lâappeler « Papa ». Je ne sais plus que penserâŠ
L'Ăre des CitĂ©s volantes â Nouvelle Lune
Ouah ! Ăa fait dix ans que je n'ai rien Ă©crit dans ce journal. Le temps file si vite ! Bien des choses se sont passĂ©es. AprĂšs les nombreuses tentatives de mon pĂšre Ă se dĂ©barrasser dâEndora et moi, nous nous sommes finalement perdus pour de vrai. Par chance, nous avons trouvĂ© refuge chez Daisy et les nains, au Domaine de Salem.
Aussi Ă©trange que cela puisse paraĂźtre, notre hĂŽte est un chat noir : Salem, d'oĂč le nom du domaine. Il prĂ©tend avoir Ă©tĂ© un puissant sorcier par le passĂ©, mais ce vieux matou a tendance Ă exagĂ©rer. On dit qu'un sort aurait Ă©tĂ© jetĂ© sur lui. Maintenant, il vit dans la peau dâun chat. Il nâa pas lâair de sâen plaindre en tout cas !
Ă mon arrivĂ©e au Domaine, Salem mâa montrĂ© son endroit prĂ©fĂ©rĂ©, la bibliothĂšque quâil a baptisĂ©e fiĂšrement « La collection du Mage ». Le Mage, câest lui, si cela vous avait Ă©chappĂ©. Je sais⊠Ce fĂ©lin est dĂ©finitivement imbu de lui-mĂȘme.
Il faut admettre, toutefois, quâil a le gout pour la dĂ©coration et les effets de grandeur. Jamais je nâavais vu autant de livres, c'est hallucinant ! Maman aurait adorĂ© cet endroitâŠ
Ce nâest pas pour me vanter, mais en moins dâun an, jâavais dĂ©vorĂ© tous les ouvrages. Ce fut une rĂ©vĂ©lation. Aujourdâhui, je mâapplique Ă mettre mes connaissances au service de la recherche et de la science. C'est d'ailleurs en Ă©tudiant des composants du Mal de la Souche que j'ai contractĂ© un virus respiratoire. Curieux de nature, je me suis administrĂ© le premier vaccin pour m'assurer de son efficacitĂ©. Ce n'Ă©tait pas malin, je lâadmets. Il faut dire que jâaime ĂȘtre mon propre cobaye. « Un vrai rat de laboratoire ! », comme dirait Daisy.
Ah Daisy, sans elle, je nâĂ©crirais pas ces lignes ! Endora la surnomme affectueusement la GuĂ©risseuse. Câest vrai quâelle a un don ! JâapprĂ©cie travailler avec elle. Chaque matin, je lâassiste dans ses recherches au laboratoire pendant que les nains vont dans les mines.
Dans ma courte carriĂšre de scientifique, jâai croisĂ© une quantitĂ© inimaginable de maladies, mais peu d'antidotes. C'est ce que Daisy et moi tentons de crĂ©er : un Ă©lixir de vie. Nos recherches nous ont menĂ©s Ă nous questionner sur lâorigine des anomalies de la forĂȘt. Je crois qu'elles ont un lien avec les animaux fantastiques qui hantent la contrĂ©e. Beaucoup de mystĂšres planent sur ces terres. Je compte bien y trouver une explication.
Endora aussi a trouvĂ© sa vocation ; elle est herboriste. Pour lâembĂȘter, je la surnomme lâEmpoisonneuse. Elle passe son temps Ă cueillir des plantes et des herbes pour ses concoctions. La forĂȘt est sa seconde maison. Elle connait les propriĂ©tĂ©s de chaque plante, mĂȘme les rares. Au retour de ses expĂ©ditions, elle me partage toujours ses plus belles dĂ©couvertes. Ma sĆur est passionnĂ©e. Elle tient ça de Maman. C'est ce que jâaime chez elle.
Une semaine s'est Ă©coulĂ©e depuis l'injection des anticorps. Notre patient semble ĂȘtre revenu Ă un Ă©tat stable, mais jâestime quâil faudra encore deux semaines pour un diagnostic clair.
RĂ©cemment, je suis le seul Ă continuer les recherches au laboratoire. Ma sĆur passe ses journĂ©es en forĂȘt et ma mentore est trop occupĂ©e Ă veiller sur l'homme qu'elle a trouvĂ© dans les bois. HĂ©las ! Daisy est atteinte dâune maladie quâaucun remĂšde ne peut vaincre : l'amour. Ma pauvre amie ne comprend pas les risques quâimplique la prĂ©sence de cet homme au Domaine.
Endora et moi, si.
Ce matin, jâai vu Endora quitter furtivement le domaine sous sa cape verte, visiblement prĂ©occupĂ©e. De toute Ă©vidence, la prĂ©sence de notre invitĂ© la rend anxieuse. Il porte le sceau du Roi David sur sa bague. Seule une personne de la royautĂ© porterait un bijou comme tel.
Ma sĆur le sait, et elle me cache quelque chose. Elle mâen veut sĂ»rement dâavoir acceptĂ© de le sauverâŠ
Jâaurais dĂ» la laisser sâoccuper de lui. Quel idiot !âŻUn peu de mort-aux-rats dans son repas et personne nâaurait rien su.
Cette histoire va mal se terminer, je le sens.
â Dexter S.
VII. L'Effet Domino đ§”
Message de l'autrice đȘ¶
Bonjour, veuillez noter que le lore est un produit indĂ©pendant de Wolfy. L'histoire globale est entiĂšrement complĂ©tĂ©e dans mon imaginaire, mais Ă l'Ă©crit, c'est plus compliquĂ©. Les suites peuvent prendre plusieurs mois Ă ĂȘtre publiĂ©es, car nous prĂ©fĂ©rons offrir un texte cohĂ©rent plutĂŽt qu'un brouillon sans profondeur. Merci de votre comprĂ©hension et de vos messages ! Sachez que je lis tous vos commentaires et que je les prends en considĂ©ration pour l'avenir !
Invitation : Club de lecture đ
Un forum Lore s'est ajoutĂ© au serveur Discord de Wolfy ! L'objectif est que la communautĂ© puisse contribuer Ă l'avancement de l'histoire en direct. Pour y participer, il vous faut impĂ©rativement ĂȘtre dĂ©tenteur d'un compte Discord. Si vous avez un compte, vous pouvez accĂ©der au serveur de Wolfy via cette invitation, puis naviguer dans la section forum oĂč vous trouverez le salon Lore de Wolfy. Au plaisir de vous y retrouver !
Mis Ă jour le : 14/08/2025
Merci !